Souvenez-vous l'été dernier.
Lettre envoyée au président de la République par les conseillers de La Doudou de Lyon début juillet 2007
Monsieur
le Président de la République Nicolas Sarkozy
Palais
de l’Elysée
55,
rue du Faubourg Saint-Honoré
75008
Paris
Monsieur
le président,
Les Français
vous ont élu récemment à la tête de la République française.
Nous avons bien entendu et reçu vos messages
valorisant le travail et les travailleurs.
C’est à ce propos que nous voudrions vous
sensibiliser à notre situation.
Depuis peu, des rumeurs inquiétantes de fermetures de
certains centres d’appels sont vécues par les salariés concernés comme la chronique
d’une mort annoncée.
Il faut témoigner que depuis quelques mois, la
direction de la Doudou a décidé d’accélerer le remaniement salarial :
- fin 2006, la décision de réunir quatre plateaux
parisiens en un seul a été prise par la direction. L’exécution de ce projet
dégraissera finalement l’effectif parisien de 120 à 30 salariés.
- l’activité Dom Tom de la Doudou a purement été
liquidée, faisant disparaitre au passage près de 30 salariés.
- les fameuses boutiques, appelées
« rendez-vous catalogue » ont brusquement en grande partie été éliminées par manque de rentabilité laissant
certains clients habitués, âgés souvent, consternés.
Des bornes automatiques viennent déjà se substituer
aux boutiques, et installées en nombre, pourraient bien venir condamner à la
fermeture quelques petits centres d’appels déjà menacés.
Plus insidieusement, la direction a décidé depuis
2001 de délocaliser une partie de nos appels à l’étranger.
A cette époque, un seul sous-traitant à Tunis ne
recevait que 5% du total d’appels et n’intervenait qu’en renfort lorsque
l’activité s’emballait sur les centres français.
Un
deuxième centre a été ouvert à Rabat en août 2006 prétendument en renfort du
premier, débordé. Aujourd’hui, les centres de Rabat et Tunis traitent plus de
30% de l’activité téléphonique totale.
Pendant ce temps en France, les conseillèr(e)s sont
constamment formé(e)s aux nouveaux services. On nous rebat les oreilles sur
l’indispensable maîtrise et qualité de notre accueil clients.
Sans faire injure à leur travail, les sous-traitants
n’offrent pas cette qualité de service, et sont pourtant largement alimentés en appels clients.
Les conseillèr(e)s en France constatant une
diminution très nette de leur activité se disent que le choix entre rentabilité
et qualité a été fait par la direction.
Que vont devenir nos postes ? Nous avons choisi
de travailler ici avec enthousiasme, certains salariés des centres d’appel ont
plus de 20 ans d’ancienneté. Il y a quatre ans encore, vous signiez un CDI
directement.
Comment peut-on laisser les directions des grandes entreprises françaises florissantes, comme la notre, donner maintenant notre précieux travail à des sous-traitants à l’étranger… et se débarrasser sans difficulté de personnel dévoué et hautement qualifié ?
Qu’attendons-nous de vous Monsieur le
Président ?
En premier, qu’à l’heure de prendre des décisions
importantes sur les lois du travail en France, vous soyez bien averti et alerté de notre situation.
En second, que notre cas particulier soit analysé,
sur un plan humain. Nous avons une grande estime pour notre enseigne et ne souhaiterions
pas devoir alerter l’opinion publique du mépris qu’elle manifesterait à l’égard
de ses salariés si la situation devait empirer.
Nous souhaitons vivement que notre courrier vous
sois remis et lu personnellement.
Nous vous prions d'agréer, Monsieur le Président de la République, l'assurance de nos sentiments respectueux.
Extrait du Procès verbal du Comité d'entreprise de la Doudou du 7 septembre 2007
Monsieur de T. de la direction générale
"On reviendra avec des choses précises en octobre. Nous avons une réflexion actuellement.
Mon souci numéro un c'est l'emploi, et bien sur l' employabilité. Et même d'abord l'emploi?
Et mon souci numéro deux, ou si vous voulez le mettre en parallèle, c'est la satisfaction clients.
Et c'est bien sur mon souci numéro trois, l'équilibre économique de l'entreprise, la vitalité économique de l'entreprise.
Là, ce sont des principes je dirais qui vont de soi, mais je tiens à les rappeler.
On travaille en ce moment, pour être dans l'anticipation.
C'est un peu l'esprit que je vous avais dit dans ces C.E. c'est que je voudrais éviter de mettre devant le fait accompli, sur des décisions qui peuvent paraitre brutales, je veux préparer, je veux que l'on soit vraiment dans l'anticipation...
On revient sur le C.E d'octobre, de façon très précise sur notre préoccupation de l'évolution des flux et des emploi dans les centres d'appels.
C'est tout ce que je peux vous dire à ce stade. Et par ailleurs, madame F. répondra au courrier qui a été envoyé. Et je souhaite que l'on soit à l'écoute, en attendant ce CE de chaque salarié et notamment de ceux de Lyon, qui ont manifesté leurs inquiétudes.
Je n'ai pas besoin de rappeler l'attachement, au delà des enjeux sociaux et des enjeux humains, on a de la qualité du téléphone , et de l'importance de la façon dont cette relation doit se faire.
Et de la façon dont le téléphone contribue à la qualité de service à la Doudou.
Je resterai très sensible, bien évidemment dans une qualité de service.
C'est une réponse laconique. Mais je ne peux pas attendre, compte tenu de toutes ces questions, de ces émotions
Je ne peux pas attendre pour vous répondre, j'en ai conscience, donc rendez-vous début octobre.
Les équipes travaillent en ce moment..."
Effectivement les équipes ont bien travaillé et on les félicite.
Finalement, nous n'auront pas droit à un licenciement comme nous le redoutions, mais bel et bien à une externalisation.
D'où la présence de ce long texte dans ce Blog à vocation humoristique.